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22 avril 2010 4 22 /04 /avril /2010 15:04

IMGP0003_36.JPGPanique à bord… mon ordinateur en panne - plus de mail, plus d'internet, plus de blog, le désert quoi…

"Il ne faut pas rester les bras croisés"  - nous serinait-on dans notre jeune temps - je ne vous dis pas quand ! Donc je sors ma vieille machine à coudre et en avant les poupées de chiffon… mais cette fichue machine déclare forfait -  alors je sors… les aiguilles à tricoter - manque de chance, ce sont les lunettes qui se cassent la figure… Nitchevo* J'en cherche une vieille paire, ajoute  une grosse loupe et me console avec le surréaliste "Laitier de nuit" de Kourkov et  l' "Echappée belle" d'Anna Gavalda qui m'a réjouie le coeur. En plus c'est écrit gros.

Enfin me voici le nez hors de l'eau avec une  "bécane" apportée par mon fils. Elle marche - je vais essayer de mettre sur mon blog une belle photo de mes créations. Et  je vais me remettre à l'ouvrage - Mamine Sibiriak a sans doute encore pas mal de choses à nous dire sur son Oural natal. Au fait, y-a-t'il des volcans sur cette frontière de l'Europe ? non . En Russie, ils se trouvent loin très à l'est -  sur la péninsule du Kamtchatka qui en recense 120 dont 23 en activité. Les plus proches semblent être ceux du Caucase qui sont éteints. N'empêche que Poutine a été obligé de reporter son voyage à Mourmansk à cause des cendres de l'Islandais. Décidément, la terre semble vouloir nous remettre au pas.

*Nitchevo (en russe ; ça ne fait rien)

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7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 17:15

Selon un article paru à l’adresse suivante

 http://magazines.russ.ru/ural/2002/11/galeev.html

 écrit par Tamara Galeeva, Mamine-Sibiriak aurait aimé peindre.  L’homme de lettres dit-elle, dessinait bien quoiqu’il n’ait jamais appris.  Les habitants d’Ekaterinbourg le voyaient, paraît-il,  assez souvent dans la ville, la palette à la main. Figuratif il dépeignait la nature non seulement dans ses œuvres littéraires mais aussi sur la toile.

 Dans cet article il est mentionné les « thés du soir » pris dans une petite datcha  où se réunissaient des intellectuels et où le vieux savant géographe et ethnologue Narkis Konstantinovitch Tchoupine racontait la très intéessante histoire du général Glinka, important personnage de l’Oural,  qui ne savait diriger les hommes que par le fouet et les verges. Un jeune homme à ses côtés prenait soigneusement des notes : c’était Mamine. Quelques années après,  l’histoire racontée ce soir là sera la base du roman « l’esclave fidèle » (1891).  D’autres œuvres de Mamine-Sibiriak seront issues des narrations de Tchoupine qui  faisait ses remarques et corrections sur les brouillons de l’écrivain.

 En 1882 le vieux savant est mort. Les thés du soir ont cessé. Pourtant les familiers de Mamine ont commencé à se réunir dans la maison où demeurait alors l’écrivain, rue Kolobovsky.

 Un jour, Mamine rencontra un jeune adolescent qui pêchait en bateau et fut surpris de trouver au fond de la barque de magnifiques dessins. Il voulut s’occuper de faire étudier le garçon et lui offrit  peintures et palette. Malheureusement le projet ne put se concrétiser. Le garçon se maria, devint père mais n’était pas heureux. Il partit un jour de chez lui n’emmenant que le cadeau de l’écrivain. Il mourut dans l’une des rues de Nijni-Taguil.

 Mais revenons à Mamine peintre.

 Toujours selon ce même article, il s’essayait aussi bien dans le dessin que dans la peinture : huile et aquarelle, en restant  figuratif,  et ne prétendait aucunement au statut professionnel. Il fréquentait nombre d’artistes à Saint Petersbourg tels  Vasnetsov, Répine (1) ,  Iakovlev . Il possédait un goût fin, jouait assez souvent le rôle de critique d’art. C’est sans doute ces expériences qui l’incitèrent à écrire un roman étrange : « Les étoiles filantes ».

(1) Mamine Sibiriak et la philatélie

 

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1 avril 2010 4 01 /04 /avril /2010 10:24

IMGP0001-copie-1.JPGL'histoire commence ainsi :

         « Le vieux Silanty souffrait d’une maladie assez répandue : la soif du pouvoir. Il avait tout : la maison, l’abondance, les fils qui vivaient bien, les filles mariées à de bonnes familles..  En un mot une bonne époque pour vivre et se réjouir. Les mono-militants le respectaient mais ne le choisissaient pas, on ne sait pourquoi, parmi les autorités du volost, bien qu’il soit depuis longtemps un ancien. Cela l’offensait. » 

         Le vieux Silanty finit par l’avoir, le pouvoir dans ce village des Monticules. Au Volost il fut enfin le chef, mais à l’heure méchante où les récoltes étaient mauvaises, où il fallut vendre le bétail superflu, comme les poulains et les veaux,  et où il était fort difficile de faire rentrer la taille (l’impôt). Puis il fallut vendre encore plus de bétail, retirer la paille des toits pour servir de fourrage. Les fêtes annuelles passèrent inaperçues, les mariages étaient fort rares. En un mot, le village s’était arrête de vivre.

         L’époque du Carême fut particulièrement difficile. Personne ne se réjouissait à l’approche de la Sainte Claire (Pâques) quand les vaches ne voulurent plus donner de lait ni les poules donner d’œufs.

         Et voilà que pour couronner le tout, on annonce les vagabonds de l’autre côté de la rivière. Le vieux Silanty s’effondra sur le banc en apprenant cette nouvelle. Pourquoi  les vagabonds viennent-ils vers Les Monticules. N’y a t-il pas d’autres villages quand on vient de l’Iset ? … Il ne faut pas que cette nouvelle circule  dans le village. Il en avertit sévèrement sa femme. On doit nier cette nouvelle.

         Autrefois, pense le vieux Silanty, les vagabonds allaient librement. Si on les attrapait la Cour les renvoyait simplement dans l’arrondissement. Mais maintenant on les condamne – et toute leur parenté avec – en les envoyant loin, en Sibérie occidentale,  au bagne sur l’Ile de Sokoline. A Dieu ne plaise, pourquoi répondre de cela, sur quels critères ! Sans compter qu’il faut les présenter aux autorités du camp, les transporter sur les mauvaises routes quand l’essieu ou la roue ne passent pas…

         Le vieux Silanty passa de très mauvais jours, essayant de minimiser et même de nier la présence des vagabonds dont tout le monde parlait maintenant. Il allait jusqu’à dire que , de source certaine, il savait qu’ils étaient déjà repartis vers  d’autres endroits.

         Enfin le jour de fête est arrivé. L’église était pleine, les villages voisins s’étant rassemblés aux Monticules. Mais la joie n’était pas au rendez-vous quoique tout se déroulait comme d’habitude. Le vieux Silanty était là et faisait de larges signes de croix, souhaitant que la première verdure de printemps arrive vite, sur laquelle on lâchera le bétail affamé. Pourtant les nouvelles étaient mauvaises – une nouvelle maladie due à la famine se répandait et les enfants tombaient comme des mouches.

         Mais voilà que le gardien du volost se fraie un passage dans la foule et arrive jusqu’à Silanty. Effrayé il annonce qu’Ils sont venus au Volost, les vagabonds, et s’ils détruisaient tout, s’ils incendiaient, s’ils…

         Le vieux Silanty sortit précipitamment de l’église avec dix solides moujiks. Il leur a expliqué l’affaire. Ceux-ci se sont grattés la nuque et tout le monde partit en rang dispersé pour encercler le bâtiment du Volost.

         Mais là, quelle ne fut pas leur surprise en trouvant simplement un simple vieux vagabond qui ne se défendit même pas.

         On discuta comment le livrer, comme le voulait la loi et le gardien. C’était difficile, un jour de Pâques, d’envoyer quelqu’un au bagne. Peut-être même qu’ils le fouetteraient. Les moujiks piétinaient sur place.  Alors le chef, finalement, sortit de sa poche un petit œuf rouge, celui qu’on donne à bénir au Pope le jour de Pâques, en souvenir du sang du Christ. Il le tendit au gardien Sergueïtch et prononça :

« - Démolis donc celui-là… C’est aussi une âme vivante ! »

1899


 

 

 

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25 mars 2010 4 25 /03 /mars /2010 16:44

Je viens de trouver un site intéressant sur lequel on trouve des  salaires russes à la fin du XIXe siècle et quelques prix . En effet,  l’un sans l’autre, ne renseigne guère. 

http://www.maison-russie.fr/invites/monnaie/type/valeur_monnaie19.html 
 

Dans « les combattants » écrit en 1883,  Mamine-Sibiriak fait état des paies allouées aux haleurs sur la Tchoussovaya pour environ une semaine de travail, très risquée, et à laquelle il faut ajouter les trajets pour arriver à pied d'oeuvre qui, aller-retour,  peuvent atteindre 8 semaines pendant lequels il faut se nourrir :

- un homme 8 roubles

- une femme 4 roubles.

Il faudra en déduire les amendes de tout genre. Il faut rappeler que rien n’était prévu pour loger et nourrir ces paysans quand ils arrivaient sur le quai de Kamenka pris en exemple.

Les combattants - le flottage sur la rivière Tchoussovaya (3)

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22 mars 2010 1 22 /03 /mars /2010 11:00

Bien . Voilà ces régionales passées et chacun a voulu donner un sens à l’abstention. Dommage qu’Ils ne font pas une enquète sur le sujet.  Je me suis dérangée personnellement, mais en maugréant car un système électoral où le vote blanc ne compte pas dans les suffrages exprimés et est classé avec les NULS, c’est nul.  L’Assemblée nationale en janvier 2003 s’est penchée sur le problème et avait adopté sa reconnaissance, mais le Sénat est resté muet. Il paraitrait qu’en Suède, en Espagne, en Belgique et en Roumanie, il compte ! Même la Russie l’avait accepté comme suffrage exprimé en 91 mais est revenue en arrière par la loi du 30 juin 2006. C’était le bulleltin dont se servaient les électeurs qui ne voulaient « aucun des candidats » S'ils étaient majoritaires, les élections étaient à refaire- C’était trop beau.  Je reviens à nos moutons :  l’Oural, Mamine, les mines. 

J’ai relevé deux ou trois choses intéressantes que je vous livre immédiatement : 

Dans une revue que je découvre, - le numéro date d’octobre 2004,  il est question d’un voyage en Oural, très haut au nord, là où ce n’est pas très possible. Il faut une chenillette et même qu’elle soit amphibie. L’article est accompagné de cartes très intéressantes et de superbes photos. 

Dans ce même numéro il est question de la fermeture des dernières mines en France dont la mine d’or de Salsigne (Aude) le 2 juillet 2004. C’est tout de même une grande page de notre histoire qui se ferme. Les mineurs descendaient jusqu’à 400 mètres sous terre « pour extraire l’un des métaux les moins indispensables qui soit, l’or…. » nous dit l’auteur, finalement en accord avec Mamine-Sibiriak qui fait dire à l’enfant qui tourne la roue  (« La broche ») « ces pierres qui ne sont pas indispensables à la vie ». 

Que je n’oublie pas de donner mes références : 

Le règne minéral n° 59  septembre-octobre 2004

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20 mars 2010 6 20 /03 /mars /2010 13:39

D’après le site de The University of British Columbia (UBC),  une thèse a été présentée par Olga Godoroja, en anglais sous le titre :

« Le thème de l’argent dans trois romans de D.N.Mamine-Sibiriak »

 En voici la présentation,  que l’on trouve en anglais à l’adresse suivante : 

https://circle.ubc.ca/handle/2429/19410 
 

 Dmitrii Narkisovich Mamine(1852-1912) est né dans un petit village de l’Oural non  loin d'Ekaterinburg. Il a écrit sous le pseudonyme de Sibiriak. Comme un indigène de l'Oural, il a utilisé cette région comme  cadre pour beaucoup de ses nouvelles et romans. Cela a rendu Mamine-Sibiriak unique parmi les auteurs russes du dix-neuvième siècle. Pendant que d'autres ont écrit sur la Russie européenne, la région que Mamin-Sibiriak a choisie était relativement inconnue, même de ses compatriotes. De son vivant, les critiques contemporains A. Skabichevskii, V. Al'bov et d'autres ont admis le talent de Mamine-Sibiriak et ont analysé ses travaux, mais ils n’ont pas su  apprécier complètement l'importance de ses écritures, parce qu'ils ont été sollicités essentiellement par les implications idéologiques. En évaluant sa contribution comme  auteur, les critiques soviétiques E. Bogoliubov et A. Gruzdev soulignent seulement les problèmes de lutte de classe dans ses premiers travaux. Ils ignorent les derniers, qui portent essentiellement sur les problèmes moraux, l'éducation, les arts, avec les professionnels et avec les actions réciproques de ces éléments. Jusqu'ici, seulement un de ses romans « Les millions de Privalov », a été traduit en anglais et est relativement inconnu du monde de l'Ouest. Le critique anglais, R. Hare, considère que Mamin-Sibiriak est un auteur mineur et mentionne seulement un de ses romans, (Les millions de Privalov), ainsi qu'une collection d’ histoires pour enfants qui sont néanmoins, à son opinion, "égales au meilleur de Chekhov."
Cette étude inclura les romans suivants : Privalovskie milliony (les millions de Privalov, 1883), Gornoe gnezdo (Le nid de montagne 1884) et Zoloto (l'Or, 1892). Dans ces romans Mamin-Sibiriak représente une phase de la révolution industrielle en Oural et les changements sociaux et psychologiques ultérieurs qui sont arrivés dans cette partie de la Russie. Le thème universel de l’argent et de ses effets sur la nature humaine y est un leitmotiv dominant, allant au-delà des limites de la société russe. Son unicité est dans le développement de ce thème en choisissant un cadre local, l’Oural,
 et la présentation d'un grand nombre de caractères aux couleurs vives des différentes strates de société russe. Ses travaux sont un lien important dans le développement du roman russe à la fin du dix-neuvième siècle. Sa technique d'écriture est imaginative et en même temps objective et, bien que son inquiétude morale soit évidente, son écriture ne donne jamais l'impression de didactisme.

 

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18 mars 2010 4 18 /03 /mars /2010 08:47

 

00385_800.jpg

Voici l’une des maisons où vécut Mamine-Sibiriak à Ekaterinbourg. Vous trouverez cette photo et beaucoup de belles images de cette ville, et d'autres aussi,  sur le site Vivre en Russie :

http://www.vivreenrussie.net/

 

http://www.vivreenrussie.net/forum/viewtopic.php?t=8421



 

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17 mars 2010 3 17 /03 /mars /2010 13:41

Une pièce de théâtre DOUCHKA a été écrite par André Praga  (1967 ?) d’après un thème de l’écrivain russe Mamine-Sibiriak. Pièce en deux actes et six tableaux, en français, qui fait intervenir 7 acteurs (2 hommes et 5 femmes) . Je n’arrive pas à trouver plus d’informations . Je ne sais pas non plus si cette oeuvre a été jouée et dans quel théâtre.

 André Praga a écrit  "Les frères" (Théâtre Marigny 1972), "Salle d’attente" (création le 20 mars 1991 au Cercle Marcel Brunot de Villeurbanne). Je trouve également les titres : "Ombres" (revue avant scène n°320  1964), "Le caméléon" (Avant-scène 392).

 En Belgique un  prix biennal  André Praga a été créé en 1984, décerné  à "un auteur belge d’une œuvre  théâtrale créée à la scène ou à la télévision". Madame Françoise Mallet-Joris fait partie du jury. En 2008 le lauréat a été le romancier, dramaturge et cinéaste Philippe Blasband pour le scénario de son film Coquelicots (décor bruxellois, milieu de la pègre).

 http://www.arllfb.be/prixlitteraires/prixpraga/2008.html

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15 mars 2010 1 15 /03 /mars /2010 12:41

IMGP0003_7_2.JPGTout est prêt pour le départ. Les grelots de l’équipage tintent, le fusil de chasse, le sac de voyage avec les provisions – rien n’est oublié. Gagara, le cocher dirige le tarantass vers la périphérie de la ville, vers la maison de Pierre Vassilitch où se rend Mamine dans la fraîcheur de ce matin de juillet alors que tout Ekaterinbourg dort encore.

Pierre Vassilitch a une journée fort chargée entre différentes visites, mais qu’importe, il accompagnera son ami,  on règlera en chemin toutes les affaires urgentes. En attendant, le visiteur entre dans la maison très simple où la cuisinière s’empresse de préparer le samovar pour le thé matinal.  Le bureau de Pierre Vassilitch est encombré de différents dossiers  émanant du Ministère de la justice, et aussi d’échantillons de toutes sortes de minerais venant de la montagne : quartz,  amiantes, argiles ignifuges et d’autres encore.

 Ils ne sont pas long à partir . Laissant derrière elle le cimetière et la prison de la ville, la troïka va bon train sur la route sibérienne qui a vu passer tant de gens dont le crime était d’être restés fidèles à l’ancienne foi. Mamine aime ces petits voyages en tarantass, où l’on peut admirer à chaque instant cette belle nature. Tout au long du chemin Pierre Vassilitch s’arrêta. D'abord près d’un garde forestier qu’il interrogea longtemps sur un petit terrain où devait se trouver, selon lui,  un gisement inépuisable de chromite.  Ailleurs il examina les tourbières ou encore les sables de quelque petite rivière,  pressentant déjà le domaine de l’or…. comme tout infatigable millionnaire de demain !

  Enfin, ils s’arrêtèrent à la nuit tombante chez Ermolaï Evguenitch à Vassilievka. Autrefois, ce village  qui s’allonge entre marais et colline boisée était  une halte importante sur cette route sibérienne,  avec ses auberges, ses chevaux de poste  et sa population vivant richement. Mais la route s’est écartée au profit du chemin de fer et le village a été ruiné.  Les habitants se sont dispersés en d’autres lieux. Le village s’est démantelé, mais Ermolaï Evguenitch , au contraire, y  a construit une belle maison. C’est un moujik sérieux, ponctuel, qui devrait vivre en ville, mais non,  il est resté à Vassilievka, comme une souche.

 Ermolaï les reçut froidement, avec suspicion, et accepta qu’ils passent la nuit chez lui. La maison comprenait une petite boutique donnant sur la rue, mais celle-ci avait le volet clos.  Ermolaï mit du temps à ouvrir les portes. La cour était si propre qu’on osait à peine y faire entrer l’attelage. La propreté était partout, le confort également, bref, l’habitation qui convient à un riche moujik.

Pierre Vassilitch fut étonné de ne pas voir la maitresse de maison. Ermolaï ne répondit pas aux questions ; quant à la boutique fermée, oui, Ermolaï en avait décidé ainsi. C’était vraiment une belle isba et les envieux chuchotaient que l’argent avait été gagné salement. Ermolaï venait de Perm où il avait travaillé pour un riche marchand et y avait trouvé sa femme.  En Oural les richesses rapides ne sont pas rares et souvent critiquées.  Et puis, Ermolaï avait manifesté sa solvabilité petit à petit : d’abord l’isba de devant avec la boutique, puis celle de derrière où il vivait,  et il était très ferme sur les questions d’argent.

 Alors que le départ était prévu dès le lendemain matin, un mystérieux moujik  surnommé Les Crépuscules,  avec un baluchon encore plus mystérieux , attendait Pierre Vassilitch dès l’aurore. Surnom adapté au visiteur, petit, courbé, au visage ridé comme une pomme cuite et aux yeux endormis.  Pierre Vassilitch dès son réveil se précipita sur Les Crépuscules et le baluchon qui contenait toute une collection de roches, preuves irréfutables de gisements… comme ces quartz rouillés signes sur « l’or ». La décision fut vite prise. Pierre Vassilitch partit avec les Crépuscules retrouver les places d’où venaient ces pierres porteuses de promesse.

 Rencontre fatale. Les jours suivants, dès le lever du jour, Pierre Vassilitch partait avec Les Crépuscules visiter les fameuses places alors que le mauvais temps, inattendu,  avait fait son apparition. Bientôt Mamine préféra rester dans l’isba d’Ermolaï plutôt que de parcourir les sapinières dans les endroits les plus impossibles. Il fut étonné de voir son hôte assez inoccupé mais qui chassait avec une énergie incompréhensible la poussière du matin au soir.

 Le soir, ils avaient pris l’habitude de prendre le thé ensemble. C’est à ce moment que se manifestait chaque jour un importun, querelleur,  qui venait injurier,  menacer et humilier le maître de maison, tant et si bien qu’ils finirent par se battre.

 Un soir, n’en pouvant plus, Evguénia s’ouvrit un peu à son visiteur. Sa femme, Maria Stépanovna, avait disparu depuis deux semaines., où, chez qui, nul ne le savait. Elle et lui vivaient comme deux pigeons, mais elle se mit à s’ennuyer. Il n’y avait pas d’enfants.  Elle avait tout ce qu’elle voulait, vivait grassement. Mais peu à peu, elle se mit à boire, d’abord le vin de messe qu’elle se procurait discrètement,  puis de plus en plus ouvertement. Tout le monde était au courant. Une femme ivre dans la maison, c’était la honte.

 Le visiteur ne pouvait qu’écouter et répondre maladroitement. Evguénia, en colère disait – que puis-je faire ?  La faire disparaître ! la tuer !... – Pourquoi tuer, si l’on peut se séparer … objecta le visiteur.

 Il était prévu de rester encore un jour à Vassilievka, quand soudain Pierre Vassilitch revint des sapinières et décida de partir sur le champ alors qu’Evguenia, d’un air sombre,  balayait la cour comme pour effacer leurs traces.  Pierre Vassilitch était inquiet sur la route et regardait souvent en arrière comme s’ils pouvaient être poursuivis. Il ne se calma qu’après quelques stations. Il questionna son compagnon sur Evguénia ? Non,  celui-ci n’avait rien remarqué de catégorique. Seul le départ de la femme  inquiétait. Affaire criminelle ? qui sait !

***

                                                       

Quelques années plus tard, Mamine rencontra à nouveau Pierre Vassilitch, plus vieux, plus maigre, respirant difficilement, mais toujours prêt à signer la grande affaire de sa vie sur un gisement prometteur : l’éternelle vieille chanson.

 En partant, Pierre Vassilitch rappela soudain l’affaire "Evguenia". Eh bien ce dernier s’était finalement avoué coupable du meurtre de sa femme.  Pierre Vassilitch l’avait compris. En effet, dans la sapinière il avait trouvé lors de leur séjour à  Vassilievka un vieux chalumeau* couvert de branchages. Mais les branchages avaient été coupés récemment. Il alla regarder dans le trou et y trouva un cadavre de femme avec des chaussures aux pieds. Ce sont les chaussures qui lui indiquèrent que c’était la femme d’Evguénia. Qui était chaussé dans ce village ? Voilà pourquoi, très inquiet d’avoir laissé son ami seul avec le mari, il rentra tambour battant des sapinières afin de partir au plus vite de Vassilievka…. Dans la foulée, Evguenia avoua au tribunal qu’il avait aussi tué quelqu’un, un jour, sur la route, pour l’argent.  Sa femme le savait. Et elle le menaçait.

 

 1897

* chalumeau : puits individuel du  chercheur d'or, non sécurisé.

Cet essai, que j'ai essayé de résumer, fait partie du tome 3 - édition 1916 - cycle "Les criminels"

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11 mars 2010 4 11 /03 /mars /2010 08:31

J’ai jeté un œil sur les nouvelles de Russie via le site ria-novosti. On parle diamant : Alrosa, le grand producteur russe devancerait maintenant le bosswanais Desbswana et  le sud-africain de Beers – les uns perdant leur première place car il a fallu réduire la production à cause de la faiblesse de la demande, les Russes  continuant sur leur lancée puisque l’Etat achète une partie de la production, une façon de soutenir Alrosa et de ne pas exporter à bas prix. La production russe en 2009  a été de 34,76 millions de carats (5 carats = 1 gramme). 

 Voilà pourquoi on trouve  de grands trous dans la nature,  telle la plus grande mine de diamant du monde dans le nord de la Sibérie, en Yakoutie, à Mirny,. Cette mine à ciel ouvert ,  fruit d’une découverte de diamant en 1955,  bien visible sur Google earth,  est profonde de 525 mètres , son diamètre est de 1,25 km.  Un camion mettait deux heures à remonter du fond. Elle est fermée maintenant.  Mais le trou est là, dans la ville.. Il n’a pas fallu un demi-siècle pour faire ça, sous un climat des plus horribles : huit mois d'hiver, janvier à - 60 degrés,  (exemple: pour demain 12 mars,  la météo prévoit - 40°C), ce qui a amené à chercher d'autres techniques, le lavage étant impossible - tout gèle, même les pneus.
Je présume que la terre  (ou la roche) enlevée n’est pas loin non plus. Qu'en fait-on ? encore que pour stabiliser le sol il a fallu remettre dans ce trou 45 mètres de gravas.  En plus, c’est un piège à hélicoptères. Il est interdit de le survoler car il peut les aspirer. 

http://en.wikipedia.org/wiki/Mir_mine 

            Il y a d’autres trous du même type dans le monde, naturels ou non, à en juger par les photos du site suivant : 

http://goodsites.kazeo.com/Les-plus-grands-trous-du-monde,a579956.html 

Bien, je continue à décortiquer les textes de Mamine-Sibiriak qui gémit sur les dégats laissés déjà à son époque  par les mines d’or dans son Oural natal,  et qui s’intéresse aussi aux plus petits trous  si dangereux pour l’orpailleur : les chalumeaux, ces puits ronds, étroits, non étayés.

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