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8 février 2010 1 08 /02 /février /2010 01:10

 IMGP0018Que dire après pareil spectacle ! Eh bien « la punition du pécheur » a, pendant

une semaine entière, alimenté les conversations. Le narrateur cite le cas de son logeur, un commissionnaire en quelque marchandise. Cet homme là, quoiqu’il chante tous les dimanches dans le chœur de l’église, accepte le travail sanglant du bourreau. Le commissionnaire accourt à chaque « punition du pécheur » admirer son héros, le maître du dos. Il a des conversations inépuisables sur sa dextérité : « mets une feuille de papier sur le dos du pécheur ; Aéonka frappera mais la feuille restera ; mais s’il est envenimé, il peut te couper en deux ». D’ailleurs qui est Aéonka ?– un criminel – c’est sa maitresse qu’il a égorgée. Et voilà que l’auréole de cette star est ternie à cause de Golooukhov qui n’a pas bronché sous la torture. Le commissionnaire en perd le sommeil, c’est comme si on lui avait arraché le cœur…

 

A l’opposé il y a ce vieux médecin polonais exilé. Un peu fou, taquiné par les gamins qui crient derrière son dos « les baguettes, les baguettes !...» Le bruit court que le malheureux a perdu la raison en assistant, en tant que médecin, à la punition par les verges. Quand les enfants le taquinaient, il s’enfuyait, honteux, jusqu’à ce jour où, pris de colère, il se tourna vers eux et leur dit que le bourreau, le brigand et le fouet – c’était la plus grande des hontes qu’ils regardaient. Mais,  leur dit-il :

 

«  Vous ne verrez pas ce que moi j’ai pu voir, et vos enfants ne verront pas ce que vous voyez… »….

 

Ecrit vers 1895

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6 février 2010 6 06 /02 /février /2010 00:04

L'auteur dit avoir vu deux fois la punition du pécheur - fiction ou réalité... mais peut-on imaginer une chose pareille.


C’est à la sortie de la messe que l’on entendit ces mots , passant comme le vent «  punition du pécheur… du pécheur…. » 

Et tout le monde d’accourir vers le marché au blé : moujiks, bourgeois, artisans, les femmes et la marmaille . Déchainement qui devait être identique à Moscou ou Petersbourg : la soif de voir de ses propres yeux le supplice public surmontait tous les autres instincts,  particulièrement chez les femmes. 

Les chars des condamnés arrivèrent alors que la place était déjà noire de monde. Sur le carré noir de l’échafaud se tenait Aéonka, grand, large d’épaules, barbe rousse et cheveux coupés à la cosaque, les mains nues jusqu’aux coudes : c’est « le maître du dos » comme on appelle ici le bourreau. Le fouet dans une main, un verre de vodka dans l’autre, il entend tinter les quelques pièces en cuivre de cinq kopeks lancées par quelques bonnes âmes pour attendrir son âme. 

- O, Seigneur bienveillant – prie une vieille qui jette  maladroitement au prêtre  l'hostie qu'elle a apportée dans un foulard avec un kopeck. 

- Tais-toi, vieille peau .. grogne une voix inconnue. De quoi se même cette vieille folle. Elle pourrait être assise là-haut, sur les fourneaux, pour ses péchés. Grimpe donc…. 

Les chars se sont arrêtés. Aéonka descend majestueusement chercher son premier client. Il le détache et l’aide à monter sur l’échafaud alors que le malheureux se prend les pieds dans son espèce de peignoir. Il salue maladroitement la foule de deux côtés. «  Pardonnez les Orthodoxes » prononcent ses lèvres livides. Aéonka lui ôte son bonnet et tous regardent la vieille tête grise, rasée à moitié. 

- Celui-là,  deux âmes, dit quelqu’un – il s’est évadé du bagne et a égorgé sa propre femme… 

Après l'intervention du  prêtre, Aéonka,  le saisit, lui fait monter les marches et l’attache au pilori. Sur la poitrine du condamné une planchette  noire avec écrit en blanc « Assassin ». Il est là à la vue de tous, la tête moitié rasée et inclinée sur l’épaule gauche, piteux alors que la foule « s’enfonce en lui de mille yeux avides » . Une autorité lit maladroitement l’arrêt du tribunal. Et enfin voilà le condamné dans les mains du héros du jour : Aéonka le bourreau, qui le détache, lui arrache son vêtement et le jette sur la planche noire soulevée d’un côté. C’est la célèbre jument. Le bourreau arrange quelques courroies alors que les flocons de neige tombent. On aperçoit seulement une tête rasée.

- Qu’il se garde… je descends le rossignol – cria Aéonka en levant la main qui tenait le fouet. 

Pendant tout un quart d’heure qui sembla une année entière une seule note pendait dans l’air : ah ah ah ah  une voix humaine, non… un hurlement .. un cri de tout le corps. 

Mais Aéonka a expliqué que non, il ne punissait pas – il « enduisait » celui-là  simplement, gardant ses forces pour le suivant… Pour Golooukhov, le bandit qui s’est sauvé deux fois du bagne et a avoué quatre âmes. 

L’homme est monté sur l’échafaud, a salué de belle manière aux quatre vents avant de se coucher sur la jument. C’était un grand et énorme gaillard entre deux âges. Le bourreau a poussé son cri, le fouet a sifflé…. Mais rien…… 

- Le gaillard ! crieront quelques voix dans la foule.

 

 

 

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5 février 2010 5 05 /02 /février /2010 00:16

         Dans le cycle « Les criminels » il y a encore un récit intitulé « Brigands et criminels ». L’auteur distingue l’un de l’autre. 

Selon lui  le criminel citadin tue, vole, amène toutes sortes de violences.  Quand on l’attrape et qu’on commence à le juger, il s’énerve, pleure sur le banc des accusés, tels tous ces sombres affairistes qui pillent, font des faux ou différents coups tordus. 

         Par contre, c’est une toute autre image qu’il donne du brigand : 

         « L’ancien brigand, dans les mains de la justice, éprouvait une sorte de repentir et rachetait la faute par la punition sévère. Ce vrai brigand arrivait le front haut sur la place, saluait aux quatre vents et répétait la formule propre à la confession : « Pardonne, peuple orthodoxe ». Ainsi avaient fait Stenka Razine et Emilka Pougatchev » 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Stenka_Razine.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pougatchev ,

Et notre auteur d’insister  sur la différence entre les deux sortes d’individus : 

 Le brigand, lui,  portait en lui-même un certain charme, une certaine force tragique, et comme toute personne forte, en dehors de ses activités professionnelles, il était bon et aimant, alors  que le criminel est vilain et petit de manières. Le  brigand  historique était entouré d’une auréole poétique de hardiesse et de bonté dans la conscience des masses, alors que "le criminel est rejeté dans la catégorie des déchets industriels et ramené déjà au domaine de la vidange." 

Mais c’est la description de « la punition » que nous donne l’auteur dans le corps du récit qui sera résumé demain.
pour la suite, cliquez dans "suivant" ci-dessous à droite 

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26 janvier 2010 2 26 /01 /janvier /2010 06:05

Dans cette nouvelle Mamine-Sibiriak ne manque pas d’humour pour ridiculiser un tant soit peu le grand homme qui va  prendre dans ses filets Savka, le célèbre « brigand »  ; petit homme au grand pouvoir, trépignant de ses petits pieds et n’oubliant pas de venir dans la bonne maison après l’office, là où il y a une si jolie table de zakouskis…  Voilà  l’image que nous retiendrons de Nicolas Ivanytch… mais pugnace, avec ça…. ce fidèle serviteur de l’Etat.

           

Quant à la fin du récit, quasi à la gloire des réformes effectuées par Alexandre II (abolition de l’esclavage en 1861,  justice et censure revues à moins d’arbitraire)  on la doit peut-être à ce que cette nouvelle est datée de 1895, début du règne de Nicolas II,  souverain autocratique qui, à l’instar de  son prédécesseur Alexandre III , semble revenir sur certaines des réformes obtenues par Alexandre II dit le Libérateur. En effet, Mamine né en 1852, à l’époque du servage, a  vécu sous le règne de quatre tsars.

 

:

L’auteur commence ainsi son récit :

« le servage d’usine était si cruel qu’il générait des cycles entiers de brigands parmi les esclaves. En fait ces brigands représentaient une protestation sourde de toute la population et devenaient, dans un certain sens, ses  rares porte-parole, Ce type d’homme s’attirait alors toutes les sympathies de la  masse qui le transformait en héros. Il allait pour la cause commune et la masse le défendait. »

 

         Le célèbre Savka était l’un de ces brigands-esclaves d’usine.

 

         Dans chaque fabrique il y avait un endroit effrayant, spécifique, connu sous le nom de « la machine » où se trouvaient « les voitures d’incendie ». Clin d’œil ironique à la technique européenne. Cette salle des machines était en fait une salle de torture, les voitures n’étant en fait que les fouets et les verges qui agrémentaient cette prison interne. Cet endroit n’était jamais vide.  C’est là qu’on donnait l’instruction supérieure qui formait les célèbres brigands, et parmi ceux-ci Savka.

 

         De « la machine », (rappelons-nous du résumé précédent : il n’y avait pas de place pour Averko), il y a deux chemins : Verkotourié (le bagne) ou les bois. Combien préfèrent le second. Voilà dix ans que Savka courait, se servant de sa popularité reconnue même par les autorités de l’usine. Et les moujiks, superstitieux, ne chuchotaient-ils pas qu’il connaissait « un  mot » … sorte de passe-muraille….

 

         Mais le petit homme Nicolas Ivanytch était un juge consciencieux. Ayant  un très grand pouvoir,  il vint avec une cinquantaine de cosaques d’Orenbourg dans le but spécial d’arrêter le célèbre Savka.  Pour se faire on essaya de mobliser la population –être obligé de loger des cosaques n’est pas chose agréable dans un village de dissidents : le tabac et la trogne… - Pourtant la population tint bon, longtemps. Cette dragonnade ne mena à rien du tout. Les jours passaient rien ne venait – chaque poursuite se soldait par un échec.  Mais Savka tomba malade…

 

         Savka resta une semaine entière à « la machine. » Les enfants se débrouillèrent pour le voir par la lucarne en soudoyant les gardes avec une pièce de dix kopecks. C’était un moujik ordinaire, d’une quarantaine d’années avec une barbiche châtain clair, se reposant, avec ses fers. On l’emmena de l’usine en grande pompe., entouré des cosaques qui écartaient la foule, amassée, silencieuse, murmurante ou pleurant.

 

         Vingt ans ont passé. Le narrateur est venu jeter un coup d’œil sur le nid natal. Toujours les belles montagnes, les mêmes rues d’usine, la même fabrique… Mais la salle de « la machine » est barricadée, inaccessible.  De nouvelles lois avaient été promulguées*. Savka, comme les autres, avait été jugé, avait purgé sa peine puis était revenu, en paix.

 

* abolition du servage 1861 – réforme du système judiciaire, châtiments corporels interdits...

 

1895

 

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17 janvier 2010 7 17 /01 /janvier /2010 14:05

link   O joie… Wikisource publie en français la nouvelle « Les déclassés » - parue en russe sous le titre « Bachka » qui veut dire la  caboche .  Ce texte est paru dans le journal « l’Humanité nouvelle » en 1897. 

 Il est traduit par Marie Stromberg. Cette dame a également  participé à  la traduction de  « La correspondance de Bakounine avec Herzen et Ogaroff » en 1896, traduction effectuée pour la Librairie académique Perrin et Cie – Paris. 

Sans attendre je vous communique le lien pour accéder à ce beau récit « Les déclassés ». Bonne lecture.

 link

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15 janvier 2010 5 15 /01 /janvier /2010 18:55

         Un homme dans les fers qui promène dans le jardin la bobine de neige des deux frères ? D’abord la peur … puis la curiosité ; on engage la conversation  : «mais qui es-tu l’oncle, que fais-tu là…. ? » . Et l’autre d’expliquer – il est le forgeron, il s’appelle Averky  et on l’a mis dans l’école pendant les congés parce qu’il n’y a pas de place près des machines : Il faut comprendre la prison interne de l’usine. Voilà, l’homme a été pris avec quelques mauvaises pièces de vingt kopecks et a été accusé de faux-monnayage. Il attend avec fatalisme son départ pour le fouet et le bagne. Et comme il s’ennuie, l’idée lui est venue de balayer la neige.        

         Le crime était lamentable.  Les deux enfants commencèrent par lui apporter de la nourriture en cachette. Puis ils finirent par en parler au père qui après avoir vu le prisonnier trouva  la punition par trop terrible. Mais on ne pouvait plus rien changer. 

         Averky avait pour toute visite celle de sa propre femme, timide et effacée. Venait aussi un soldat de l’usine qui semblait peu recommandable ; il était  accompagné parfois de sa femme,  une belle créature, vulgaire et hardie et qui ne s’habillait pas selon la mode de l’usine. Le cocher Iakov disait que le soldat l’avait prise comme « mariée de l’échafaud » (il lui aurait épargné ainsi le fouet) et que c’était une vraie poison. 

         Bref au bout de deux mois Averky fut envoyé au bagne de Verkhotouré. Il devait y être jugé, mais il n’y est pas resté six mois. Il s’est enfui. Et pourquoi donc n’a-t-il pas pris la fuite quand il était dans l’école… C’est qu’ensuite il ne pouvait plus que devenir un vrai brigand qui n’avait plus rien à voir avec le stupide monnayeur.  

         L’homme n’est pas une bête forestière. Il revint donc parfois coucher chez lui. Par deux fois la population a été rassemblée pour le rattraper, mais il leur filait sous le nez et passait la nuit là ou là. En fait, on savait qu’il ne ferait pas de mal à ceux qui l’avaient aidé. 

         Puis un jour Averko (on ne disait plus Averky) a fini par rentrer dans une bande de hors la loi. La poste a été pillée et le facteur tué. Il réussit encore à tenir tête à la police d’usine mais fut rattrapé dans les montagnes et jugé par une cour martiale extraordinaire. Il devait subir les verges dans son propre village. Il n’a pas supporté les quatre milles. Ils lui ont donné à boire de l’eau. Le cocher Iakov a expliqué : « Ils n’ont pas fait boire les autres pendant la punition. Eh bien, ils sont restés vivants.  Et d’ajouter :

         - Ce n’est pas lui qui faisait les fausses pièces de vingt kopecks – c’était le soldat avec la femme. Mais c’est sur lui que les preuves sont tombées.

1895 -
résumé de "Averko"- paru dans le cycle : Les bandits 

 

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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 07:54

            Dans ce coin perdu des montagnes de l’Oural où régnait encore la cruauté des dernières années du régime de l’esclavage, les enfants étaient friands des histoires de brigands. C’était un sujet inépuisable de récits, contes et légendes qui couraient de maison en maison par le biais des cuisinières, des cochers et des différentes vieilles qui vagabondaient dans cette sauvage contrée. Evidemment, cela se faisait derrière le dos des parents, et certains récits étaient devenus des clichés.  L’un d'eux intéressait particulièrement ces garnements et ils le réclamaient à la vieille Baoucha Filimonovna qui venait vendre à domicile son miel et son gruau : c’était l’histoire du navet.

             Cette histoire, vieille de quarante ans , relate le meurtre d’un évadé du bagne par Kornilo. Celui-ci vivait en périphérie de son village. Du guichet de la fenêtre de son isba ce Kornilo aperçut un homme dans son jardin ;  alors  il attrapa son fusil et tira. L’homme souffrit tout le jour ; affamé il avait seulement pris un petit navet. Avant de rendre l’âme il prononça pourtant: « Pardonne, peuple orthodoxe. A l’usine de Néviansky,  j’ai égorgé la veuve et le garçon ».

            En fait, il s’était introduit dans l’isba de la veuve et lui avait demandé son argent. Celle-ci inventa : - il est caché dans le pigeonnier . Elle l’y conduisit, l’y poussa et l’y enferma. Mais son garçon de sept ans s’y tenait.  L’homme menaça, la veuve tint bon. Le garçon eut alors les doigts d’une main coupés avant que la veuve donnât toutes ses économies.

            Ce récit plaisait aux enfants sans doute parce que le crime était puni. La réalité du moment était que les criminels d’usine étaient attrapés, transférés en prison, s’en échappaient et étaient rattrapés à nouveau. C’était le quotidien des Savka, Oédka, Detkov, Tchebotka. Les meurtres étaient assez courants dans la région et avaient frappé le receveur, le mandataire, le commis d’usine, le montreur d’ours et d’autres encore…

            Alors quel émoi en ce matin de novembre quand les enfants de la maison virent leur « bobine » de neige marcher dans le jardin avec un moujik tenant un balai et qui traînait derrière lui une chaîne qui cliquetait lugubrement : un homme dans les fers.

            A demain la suite de ce résumé.

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12 janvier 2010 2 12 /01 /janvier /2010 08:38

Déjà le 12 janvier -  juste le temps de jeter un œil sur l’Express qui nous parle du réveil de la culture russe et de la littérature actuelle : je vois les mots dépotoir, hôpital psychiatrique,  démence et alcool. Rien de bien réjouissant.  J’ai commencé la lecture du roman de Alexei Ivanov (le prix Mamine-Sibiriak 2003) : le géographe a bu son globe – nous voilà dans une classe que ne renieraient peut-être pas certains profs de classes de rattrapage dans la douce France. Attendons la suite. Mais je reviens à Mamine-Sibiriak qui, dans un langage clair et simple, décrit la vie de son temps dans son Oural natal. Des temps qui n’étaient pas tendres non plus, puisque nous allons aborder  les bandits et les bagnards par quelques nouvelles du cycle « Les criminels » parues dans le tome 3 de l’édition de 1916. Ils ont pour noms Averko ou Savka. Et il y est question aussi des bandits d’honneur, aimés des populations.

         

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26 décembre 2009 6 26 /12 /décembre /2009 10:39

Un  prix Mamine-Sibiriak a été décerné cette année 2009 à l’écrivain Youri Vella pour son ouvrage :  « La brise du lac » qui révèle la vie des peuples autochtones de la région du nord de Tioumen

 

Youri Vella est  né en 1948 en Sibérie Occidentale. Intellectuel et écrivain il vit avec sa famille et son troupeau de rennes chez les Nenets des forêts, dans cette région marécageuse des Khantis- Mansis où le pétrole a fait son apparition et avec lui une population non autochtone, ce qui a fait passer la région de 130.000 habitants à 1.300.000 en trois décennies.  Youri Vella, en plus d’être éleveur de rennes est connu surtout pour être le leader d’un mouveent militant actif pour le maintien de la culture et du mode de vie des Nenets, peuple vivant d’élevage, de chasse et de pêche. Le rôle de Youri Vella est particulièrement important en ce qu’il travaille au sauvetage de la langue de cette population.

 

Pour en savoir plus et découvrir de belles photos

 

http://www.regard-est.com/home/breve_contenu.php?id=945

 

http://jurivella.ru/index.php/the-community

 

http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/toutunmonde/fiche.php?diffusion_id=36968

 

(cette dernière adresse concerne une émission sur les minorités iakoute et Bouriates  - Youri Vella y était invité en tant qu’écrivain nénetse)

 

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21 décembre 2009 1 21 /12 /décembre /2009 12:46

De cette histoire il ressort qu'il vaut mieux rédiger ses voeux soi-même.



       Cette  courte nouvelle va nous transporter directement à Petersbourg où réside Koko le plus jeune des rejetons de la très célèbre et très fortunée famille Mezdrine-Ukhvatov. Cette famille, selon les générations, s’est plus ou moins couverte de gloire, mais elle a,  par contre,  toujours et fermement accru ses biens, en ayant soin d’ailleurs de les diversifier : vignobles en Crimée, poissons sur la Caspienne,  mines d’or en Sibérie, lacs salés, forêts… on n’en finit pas d’énumérer.  Le chef de famille,  c’est la mère de Koko, Elena Anatolevna,  qui vit continuellement dans les « bords chauds » comme dit le majordome, c’est à dire dans les villes d’eau, ou quelque part en Europe.  On ne parle  que français évidemment. Ceci a de l’importance pour notre histoire.

         Le dernier rejeton, le petit Koko, a eu une enfance « voyageuse ». Dès le plus jeune âge, il allait de pension en pension, en Angleterre, puis en Suisse, puis en Italie. Il eut droit enfin de choisir lui-même son tuteur et il revint vivre à Petersbourg où le majordome, Ivan Andreitch, s’occupait de ses affaires.

         Au moment du nouvel an, Ivan Andreitch doit donc « faire les comptes »,  épurer toutes les dettes et présenter la note à la tutelle avec la signature du cher Koko.,

         Une autre fonction occupe aussi notre  majordome : Présenter les vœux de Koko à sa mère par télégramme et recevoir les vœux de la Grande dame, c’est à dire l’en remercier. Le tout en français comme il se doit. A part les fêtes annuelles, il y a  aussi les naissances et les décès.

         Evidemment, chez  Elena Anatolevna, c’est son majordome qui s’occupe de ce type de courrier  à la place de sa maîtresse, et cela se fait automatiquement de chaque côté, sans que les intéressés y participent.

         Donc voici le défilé des fournisseurs qui viennent présenter leurs notes – salées pour la plupart – elles concernent les cochers, le tailleur,  mais aussi  les bagatelles – qui vont de la bohémienne à l’Allemande en passant par la Française – voilà pourquoi ces factures pour deux douzaines de chemises féminines et une douzaine de chemises de nuit  !...  Et les restaurants et … et…  Que va en penser la tutelle ! se préocuupe Ivan Andreitch...

 Pointilleux,  il se fait du souci. C’est à ce moment que le serviteur Gricha apporte un télégramme de Paris. Ivan Andreitch met la dépèche de côté et continue ses vérifications: « seize roubles un porcelet !... » et les discussions avec les créanciers. Quant au cher Koko, il dort. Et au réveil il l'a envoyé promener, en l'injuriant, quand il est venu présenter les  comptes.

 

         Revenu au bureau, Ivan Andreitch  s’occupe maintenant du télégramme. Il en connaît le contenu, mais tout de même, il met ses lunettes et déchiffre le message en français … il est un peu plus long – la phrase ajoutée aux voeux classiques est inhabituelle,  et il n’arrive pas à l’analyser …  Ah, le vieux birbe a voulu plaisanter….  Il est vrai que d’habitude les phrases entre Petersbourg et Paris étaient soigneusement recopiées d’année en année par les majordomes….  Or, dans le post-scriptum qu’Ivan Andreitch ne pouvait pas analyser, était écrit « votre mère est morte », bien que le télégramme soit signé par la défunte….

 

         La vérité s’est découverte seulement le lendemain, quand le tuteur est venu confirmer la nouvelle.  Le jeune Koko, mécontent, s’est tourné vers Ivan Andreitch : - « Eh bien, vous, là… télégraphiez quelque chose… ».

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