Selon Mamine Sibiriak, de son temps il existait une curieuse relation entre les compagnies exploitant les mines et les orpailleurs. D’après ce que je comprends, l’orpailleur (appelé plaisamment le carnassier) était une personne souvent très pauvre. Il obtenait l’or selon des moyens très primitifs. Il était comme une espèce de taupe et , aux dires des ingénieurs, « gâtait les meilleures places par la production rapace des sables aurifères ». L’orpailleur travaillait parfois seul, souvent à trois ou quatre, mais rarement en famille. Il s’engageait à remettre sa production au bureau de la mine la plus proche qui détenait le bail sur les terrains. Parfois les orpailleurs tombaient sur d’excellentes places, mais ne divulgaient pas toujours ces renseignements et, au contraire, orientaient vers de faux bruits les compagnies car c’étaient en fait eux-mêmes qui faisaient pour elles les reconnaissances de terrains, ce que Mamine souligne dans la phrase suivante dans son roman « Sur les monts » : « Entre les orpailleurs et les grands propriégaires de mines d’or il y a la même lutte qu’entre les petits artisans et les grands fabricants, avec seulement cette différence que les plus grands propriétaires de mines d’or se trouvent sous la dépendance complète des orpailleurs ».